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Trek autour d'Eldgia: refuge de Alftavotn- Holaskol-transfert à Kirku

Publié le 13 Novembre 2013 par G. Vesselle

Cette journée dans l'incertitude la plus totale mais aussi dans la sérénité. Vu ce qu'on a entendu tomber et souffler cette nuit, on se dit qu'on est bien dans le refuge. Et, pour l'incertitude, on ne sait pas ce que l'on va faire aujourd'hui: rester ici et attendre une accalmie ou reprendre la route et finir le trek pour rejoindre la civilisation et le calme.

La météo semble s'être calmé un peu, le vent semble avoir légèrement faibli mais il pleut toujours. On décide donc, nous d'attendre.

Il en est tout autre chose pour notre collègue français qui veut, à tout prix, partir et poursuivre son chemin. Mais, on essaie de l'en dissuader. En effet, il lui faudrait passer d'énormes gués, et passer par l'endroit où on avait campé, zone qui s'est, peut être, transformée en véritable lac de montagne. D'autant plus, qu'il n'a pas de GPS, pas de bâtons (utiles voire indispensables pour traverser les gros gués) et qu'il n'est pas très bien équipé en matière de vêtements. L'opération ressemble à une opération suicide. Mais il s'obstine et part. On craint le pire pour lui et on culpabilise un peu de l'avoir laissé partir, même si on a fait de notre mieux.

Mais 30 min plus tard, on est soulagé de le voir revenir. L'eau est fortement montée et, du coup, les gués deviennent infranchissables.

En fin de matinée, on se tâte: les affaires ont, un peu, seché, et la pluie s'est, un peu, calmée. Les allemands décident, eux, de partir et d'essayer de rejoindre le même camping que nous. De notre côté, on partira, mais un peu plus tard, après avoir mangé. On indique, le lieu du pont naturel au groupe pour qu'ils puissent passer facilement l'unique rivière du parcours.

Mais une heure plus tard, on voit revenir le leader du groupe pour nous dire qu'il ne trouve pas le pont naturel. On fait, d'un seul coup, moins les malins en imaginant que l'eau est vraiment monté très vite, de là à recouvrir les pierres, qui, je le rappelle, dépassaient de plus de 50 cm hier.

On s'habillent donc et c'est assez désagréable de mettre des vêtements mouillés. Mais, notre préoccupation est ailleurs. Je flippe à l'idée de ne pas pouvoir passer, même si on a du mal à croire que le pont à disparu. On accompagne donc notre ami allemand jusque sur le lieu du pont et, c'est effectivement la douche froide (si j'ose dire). le pont est sous l'eau. On essaie d'imaginer où il se trouve en prenant les quelques repères extérieurs qui sont encore apparents. Le problème, c'est qu'il y a une cascade et un siphon 30 m plus haut et la même chose 30 m plus bas. Cela ne nous laisse que très peu de marge d'erreur, voire pas de marge du tout.

Mais, on ne peut pas ne pas essayer de passer. Seulement 13 kms nous séparent de l'arrivée et d'un certain confort, au moins moral et psychologique. On décide donc de tenter la traversée. Pour cela, on sort la corde pour attacher Dam's pour l'aider en cas de souci. Le voilà parti, en pantalon et chaussures, comme la veille. Il trouve facilement les premières pierres et il a de l'eau jusqu'aux genoux. Le courant est relativement faible et la traversée ne présente que des risques limités. Arrivé a mi parcours, il fait fausse route et se retrouve avec de l'eau jusqu'au caleçon. Mais ça passe relativement facilement. Lioch enchaine donc à son tour, habillé lui aussi. Et ça passe aussi sans encombre et je lui emboite le pas. mais je me mets en caleçon et retire mes chaussures. On est les 3 du bon côté. On propose aux autres de traverser mais, ils semblent pas tous décidés, et je pense qu'ils ont peur pour leur amie féminine qui est assez petite. Le français, lui, n'ayant pas de bâtons est aussi très, trop, prudent. C'est un comble vu son attitude de ce matin.

On se quitte donc, en leur souhaitant une bonne continuation et en leur promettant de prévenir de leur présence au refuge.

On poursuit notre route en étant soulagé mais la pluie, le brouillard et le vent reprennent de plus belle. On est de nouveau trempé, frigorifié mais la motivation est grande pour atteindre le camping et, ainsi, sortir de la galère que l'on traverse depuis 2 jours. 2 h plus tard, on arrive au camping. Le gérant nous demande d'où on vient et nous dit que l'on est fou d'avoir traversé dans ces conditions extrêmes. On lui demande s'il y a un endroit où on peut se changer, et il nous propose...les WC. Sympa l'accueil. Et, du coup, on attend le bus pendant 2 heures assis sur le trône. Je suis trempé, j'ai vraiment froid mais je décide de ne pas me changer avant d'être au camping à Kirku, au sec. Je vois l'arrivée du bus comme un réel soulagement. On monte, il fait bien chaud et c'est un vrai moment de bonheur. Je quitte la galère, on est arrivé mais je sais que ce moment n'est que provisoire, surtout que la pluie continue de tomber. Après une heure de transport, on est lâché à une station essence. On se paie des gâteaux apéro et on rejoint le camping du village, et je suis de nouveau frigorifié.

Mais quel soulagement quand, en arrivant au camping, on voit qu'il y a un sèche linge et un sèche chaussures. Je vis cela comme si on m'annonçait que j'avais gagné au loto. On ne pouvait pas me faire plus plaisir à cet instant. On se change et on met tout dans la machine, on étend notre sac et on met nos chaussures à sécher. 2 h plus tard, tout est sec et...chaud. C'est juste jouissif.Et c'est à cet instant précis, où je mets les habits chauds, que je prends conscience que la galère est derrière nous. Cet à ce moment que mon cerveau classe cette histoire au rayon des souvenirs, certes indélébiles, mais souvenirs quand même. Et je sais que les chaussures vont suivre et qu'on va pouvoir repartir demain en étant serein. Ca y est on peut passer en mode "touriste".

On veut fêter ça en se faisant un apéro mais la salle commune est pleine, ce qui fait que l'on se fait l'apéro...dans les WC. Décidément, on y aura passé du temps aujourd'hui.

On finit la journée tranquillement, en attendant plus de 3 h que la tente sèche au vent. C'est dire que l'on a pris vraiment cher. Et on se relayera toute la nuit pour vérifier que le sèche chaussure fonctionne pour que chacun d'entre nous puisse repartir les pieds au sec.

Mais ce soir je suis bien, soulagé, heureux, satisfait de ce que j'ai fait.

Notre pont naturel...après une journée de fortes intempéries.

Notre pont naturel...après une journée de fortes intempéries.

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